Des ateliers avec des parents demandeurs d’asile au CADA

Entre le mois d’avril et le mois de juin 2019, nous avons animé des ateliers avec des parents demandeurs d’asile à la accueillis par le CADA de Bègles.

Ces ateliers ont été animés par Sophie MARIE et Florence FONTE sur les thèmes suivants :

  • La Posture de l’adulte : permettre aux parents de trouver des points d’appuis, des références, dans un pays d’accueil ayant une culture différente du pays de départ.
  • Poser des valeurs et principes éducatifs clairs et nommés, pour établir une confiance relationnelle entre les parents et les enfants.
  • Qu’est-ce qu’un parent, quel est son rôle, quelle transmission et quel équilibre entre règles et amour ?
  • Modes de communications entre parents et enfants afin d’éviter la fracture, et dans le but d’établir un dialogue, constructif et serin.
  • Résolution des difficultés rencontrées dans chaque famille.

Leurs enfants étaient également les bienvenus.

Nous avons rencontré une douzaine de personnes.
La confiance étant instaurée dès le début, le dialogue s’est engagé, chacun a parlé.
Les familles sont entrées en interaction les unes avec les autres afin d’échanger leur avis, et leurs façons d’être avec leurs enfants.

Ce qui a été intéressant, c’est que chaque famille a pu constater que les mêmes difficultés se rencontraient chez tous ; et qu’en même temps chacun les traitait de différentes façons. Nous en avons profité pour enclencher une réflexion sur ce que peut générer tel ou tel comportement de l’adulte chez l’enfant, et comment adapter son éducation avec l’âge des enfants.

La base des ateliers était de générer la parole et l’écoute chez tous les participants, que chacun sente qu’il a sa place et peut la prendre en toute tranquillité, sans jugement de notre part, sans leçon de morale, sans préjugés. Dès qu’une problématique ne pouvait être entendu par les parents, qu’il y avait un réel blocage, nous avons utilisé les jeux de rôle, les mises en situation, afin de permettre la prise de conscience par le jeu, en l’occurrence le théâtre.

Le dépassement des blocages s’est fait par la recherche spontanée d’une solution dans la scène d’improvisation théâtrale ; ce qui avait l’avantage de ne pas remettre en cause les parents puisque c’était « juste une scène de théâtre ». Ainsi les messages passaient.

Les langues se sont déliées, les maris et femmes ont osé se dire des choses taboues dans leur culture, des habitudes programmées depuis des générations ont été abordées et adaptées au nouveau pays…

Les personnes ont osé être elles mêmes.

Nous avons également réalisé un dessin commun, qui s’est avéré être un acte fondateur de solidarité entre les familles, leur montrant qu’elles n’étaient pas seules et qu’une fraternité peut naître avec des personnes qui ne sont ni de leur famille, ni de leur pays, ni de leur culture.
Ce fut un grand moment de partage et de chaleur humaine.

Nous avons pu aborder les sujets délicats :

  • des châtiments corporels punitifs,
  • des interdictions pour les filles adolescentes de voir leurs ami(e)s en dehors de l’école,
  • de la mort d’un enfant,
  • des maltraitances entre maris et femmes,
  • du contrôle des parents sur les enfants qui va à l’encontre du développement de l’autonomie de l’enfant,
  • du manque d’argent,
  • de la peur des enfants d’être puni,
  • du problème des téléphones,
  • des limites, notamment à propos de l’heure
  • du coucher des enfants,
  • savoir dire oui, savoir dire non,
  • de la sécurité et la protection des enfants,
  • de la participation de chacun dans les taches ménagères à la maison,
  • de poser le cadre et les règles éducatives,
  • de permettre aux enfants de rencontrer « les autres », le monde extérieur à la famille et de s’intégrer dans la société.

En conclusion, nous avons accompagné chacun dans une réflexion et une prise de conscience globale quant à la relation des parents avec leurs enfants, tout en respectant leurs propres limites, croyances, et volontés.